Quand une dérive thérapeutique devient-elle sectaire?

Le recours aux pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (PNCAVT) est devenu de plus en plus fréquent. Il s’agit dans la majorité des cas de pratiques qui ont pour socle le discours d’un personnage emblématique, qui dans bien des cas possède toutes les caractéristiques du gourou, ou bien de méthodes inspirées du courant New Age. Ces pratiques sont mises en œuvre le plus souvent par des non médecins qui n’ont bénéficié d’aucune formation académique. Certains médecins de formation et de pratique sont également parfois tentés de recourir à ce type de procédés : ils n’hésitent pas alors à se faire radier de l’ordre pour pouvoir les mettre en oeuvre sans risque de subir de sanctions ordinales. Ce faisant, ils restent toutefois passibles de poursuites civiles et pénales de droit commun.

Les PNCAVT sont très différentes les unes des autres, tant par les techniques employées que par les fondements théoriques ou les références idéologiques invoquées par leurs concepteurs ou leurs promoteurs. Leur point commun est de ne pas être reconnues, au plan scientifique, par la médecine conventionnelle et donc de ne pas être enseignées au cours de la formation initiale des professionnels de santé.

Si la maladie est un point d’entrée facile pour les mouvements à caractère sectaire, toute dérive thérapeutique n’est pas forcément sectaire.

La dérive thérapeutique devient sectaire lorsqu’elle essaie de faire adhérer le patient à une croyance, à un nouveau mode de pensée. Prétextant l’inutilité des traitements conventionnels, le pseudo-praticien va demander au patient d’avoir toute confiance en lui car lui seul peut proposer la méthode « miracle » apte à le guérir. Il y a un endoctrinement, une sujétion psychologique qui le conduit petit à petit à rompre avec la médecine, puis avec sa famille et son environnement. Le gourou thérapeutique propose ainsi non seulement de soigner, mais aussi de vivre autrement. Il se présente comme le détenteur d’une vérité. Tous ceux qui se mettent en travers de son chemin sont accusés soit de retarder la guérison, soit même d’être à l’origine de la maladie, d’où la rupture du malade avec ses proches et ses amis. Isolé, ce dernier va se retrouver encore plus facilement sous la coupe du « dérapeute » qui va l’amener progressivement dans un processus d’adhésion inconditionnelle à sa méthode, en lui proposant la vente d’ouvrages, la participation à des stages payants ou à des retraites coûteuses, le plus souvent à l’étranger, voire en l’orientant vers d’autres praticiens déviants.

La dérive thérapeutique à caractère sectaire s’accompagne donc d’un mécanisme d’emprise mentale destiné à ôter toute capacité de discernement au malade et à l’amener à prendre des décisions qu’il n’aurait pas prises normalement.

Sa dangerosité tient essentiellement au fait que sa mise en œuvre peut amener le patient à une double rupture :

  • avec sa famille et ses proches
  • avec son milieu de soin habituel, avec ses traitements conventionnels.

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